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progrès de la science l’exige. Mais chaque corps de doctrine a été établi sur des faits que la méthode a généralisés en principe, après avoir constaté l’exactitude de chacun d’eux. La liberté de l’examen et de la discussion avec la méthode qui pèse les faits et pose les principes ont donc créé la philosophie naturelle.

13. Lorsque l’antiquité et le moyen âge s’occupèrent de connaissances du ressort de cette philosophie, mais qui n’appartiennent point aux mathématiques pures, ces connaissances furent envisagées en quelque sorte à l’instar des choses religieuses ; le maître les donnait à des élèves soumis comme des articles de foi, conformément à la méthode à priori. Celle-ci repose donc sur le principe d’autorité ; elle commande la soumission de l’esprit, et la foi est une condition pour celui qui veut apprendre.

14.La philosophie naturelle n’a été en progrès qu’après l’époque où la méthode a priori fut remplacée définitivement par la méthode a posteriori dont la base est le libre examen. Elle date de Galilée, qui eut la gloire impérissable d’avoir joint l’exemple au précepte. Moins ambitieuse que la méthode a priori, elle ne part pas de la cause première pour établir comme conséquence les effets ou phénomènes qu’il s’agit d’expliquer, mais elle remonte du phénomène à sa cause immédiate. Avec son principe de libre examen, elle vit de la discussion, non de vaines paroles, mais d’arguments puisés dans l’observation des faits naturels.

Une conséquence de la pratique de cette méthode