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qu’il n’en aurait fallu pour que leurs corpuscules eussent neutralisé ceux des meurtriers ?

99.D’après les raisonnements précédents, on arrive incontestablement à cette conséquence, que la baguette ne tournant que sur l’objet qu’on recherche, elle ne peut tourner qu’en vertu d’une cause libre et intelligente qui donne le signe qu’on attend d’elle. Mais supposez la baguette intelligente, les corpuscules ne seront plus nécessaires à son mouvement, et l’on se demandera même ce que fait l’homme qui la tient en ses mains et qui la dirige d’une telle manière, qu’elle ne répond que sur l’objet qu’il a en vue : évidemment cette réponse prouve qu’elle est plus savante que lui. Certes, une explication qui mène à ce résultat laisse bien des choses à désirer. La conséquence de tous les raisonnements du père Lebrun est que nul corps ne fait tourner la baguette.

100.Dans sa correspondance avec le père Malebranche, le père Lebrun ne regardait pas comme impossible que la baguette tournât sur les métaux et les sources ; il est encore de cette opinion, mais la baguette tourne en vertu d’une cause intelligente qui ne peut venir ni de Dieu ni d’un ange : c’est donc du démon. Mais il n’admet pas cependant que la personne douée de la faculté d’agir sur la baguette ait nécessairement fait un pacte avec lui. Au reste, en professant cette opinion, il est loin de croire à l’infaillibilité de la baguette, car il cite plusieurs faits dont l’abbé de Vallemont s’est bien gardé de parler, qui prouvent que J. Aymar était loin d’être infaillible.