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Le Roman anglais de Notre Temps un grand romancier s'il n'avait pas sa philosophie, sa morale, son système d'art et son interprétation de la vie. Ce n'est pas nous qui l'inventons. II a pris la peine de l'exposer en détail, dans des essais spéciaux. Il est peu de ses romans qui n'en contiennent un fragment et où son application au problème du livre ne soit explicitement annoncée, relevée, détaillée. Rien n'y manque, ni le précepte ni l'exemple. Mais c'est un peu confus. Et cela parait encore plus compliqué que nature. Là encore, l'irrévérence peut sembler gratuite, ou témoigner contre l'interprète. D'avance, l'interprète accepte d'être dé- savoué, puni. Il sait qu'on ne comprend que ce qu'on mérite. Mais, pour un esprit français, il semble bien que Meredith, ce grand ami de la France, ait tout de même retiré de son éducation allemande quelque chose dans l'art d'embrouiller des idées relativement simples. Dickens, Thackeray, George Eliot, consciemment ou inconsciem- ment inspirés par l'esprit positiviste, avaient perçu Dieu dans l'homme, le Créateur dans la créature. Mais le désaccord entre la misère incurable de l'œuvre et la 'puissance de l'ouvrier laissait les sentimentaux et les intellectuels également démontés et assombris. Il y avait un fonds de pessimisme dans leur réalisme. Meredith, allant plus loin, commence à retrouver les sources de l'espoir et de la joie. C'est un panthéiste en ce sens qu'il voit du divin non plus seulement dans la créature isolée, temporaire, mats dans toute la création. Le monde et la vie, si mauvais qu'ils soient, sont pourtant assez bons pour qu'on puisse s'y confier sans trop savoir pourquoi, tout simplement parce qu'ils sont le monde et la vie. C'est sur terre, non plus au ciel et chez les anges, dans la réalité vivante, non pas dans l'esprit infirme des hommes, qu'il faut chercher règle et secours. L'expérience j a ,tiz B dbvG00gle

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