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Le Roman anglais de Notre Temps Plus tard, le roman s'était adjoint d'autres domaines, d'autres objets, mais sans renier la trilogie fondamentale de son origine : action, intelligence, sensibilité, sans abdiquer aucun des trois éléments de sa constitution, encore moins les trois d'un coup. Il avait, au dix- neuvième siècle, visé et réussi à reproduire l'atmosphère extérieure du drame humain. Il s'était considéré comme un instrument et un moyen de rénovation artistique ou sociale, politique ou religieuse. Il avait dépassé la limite des destinées individuelles pour exprimer la vie collective des groupes, des peuples. Tout cela n'était qu'extension de son objet, sans réduction de ses moyens. Supposons qu'un jour, à ta suite par exemple d'une formidable commotion humaine, l'âme contemporaine, fatiguée, détraquée, se retire, plus lasse qu'après les guerres napoléoniennes ou celle de Trente ans, dans la solitude de ses châteaux intérieurs, alors le roman, c'est- à-dire son image, n'exprimera plus, au lieu de ta création tout entière, que la créature et les passagères vicissitudes de sa vie intime. Plus d'intention collective. Plus de peintures générales. Rien qu'une étude d'individualité. Le domaine du roman restera pourtant sans limites puisque, dans l'art comme dans la nature et la vie, l'in- finiment petit est aussi l'infiniment grand. Supposons que, vers le même temps, une connaissance plus approfondie de l'être humain ait mieux fait apparaître la dépendance du conscient à l'égard de l'inconscient, détrôné la préméditation, abolî la logique de l'esprit et de l'action en faveur des influences obscures que l'hérédité prend et rend à la race, situé la source de tout courant moral et psychologique en dehors de l'être lui-même, ramené toutes les émotions, presque tout le destin, aux élémentaires déceptions de l'instinct vital et de l'instinct j a ,tiz B dbvG00gle

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