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Jeunes 327 et pendant ta guerre, fait la même expérience. Rien ne les arrêtera plus. Son séjour d'un an à Keppel Street avait émancipé Wîlfred Homby. Dès les premières semaines, il sent qu'il se libère :

  • Je n'avais plus peur », dît-il, « de mes colocataires.

« Il n'y a rien eu de miraculeux dans ma transforma- « tion mentale. Un ardent désir d'expansion intérieure « m'avait toujours pénétré, mais toutes les forces de mon « éducation, tous les modèles de ma vie m'avaient retenu. « J'étais et suis encore une créature plastique, adap- « table. J'avais diligemment sculpté l'unique idéal qui « m'était proposé. La profession de « gentleman ► était « l'idole qu'on m'avait appris à adorer. . ... Le bon ton, « l'estime de mes contemporains, un petit renom, une « petite situation, autant d argent qu'on en peut acquérir « honnêtement, tels étaient pour moi les seuls objets de « la vie sociale. Par derrière, se trouvait la nécessité de « s'assurer une paix éternelle, grâce au strict accomplisse- « ment de certains rites. Personne n'était allé plus loin, « personne ne m'avait parlé d'une beauté de vie qui ne « fût pas d'avance toute clichée. « Mon expansion soudaine fut causée par une intense « excitation nerveuse, et une vue nouvelle de l'existence — « existence libre, passionnée, élémentaire. J'étais prêt. « La liberté dans la solitude m'avait aidé à m'émanciper. « Mais il y avait un autre facteur. Pour la première « fois de ma vie, j'aimais, magnifiquement, merveilleuse- « ment. » Plus tard, quand l'amour et la souffrance, la sympathie et la lutte, ont enfin achevé leur œuvre, Wilfred Hornby décrit avec une rude et simple candeur le râle de la maison de Keppel Street : « Tous, dans cette maison, nous avions été des égaux. Q2

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