Page:Chevalley - Le Roman anglais de notre temps.djvu/226

Cette page n’a pas encore été corrigée

o Le Roman anglais de Notre Temps réalisme qui faillirent, il y a vingt ou trente ans, déshonorer le roman français, ne sont guère à redouter chez nos voisins. Mais l'existence de ces personnages de romans qui, depuis un siècle, ne montrent qu'une partie de leur existence, une partie de leurs pensées, de leurs sensations, paraissait tout de même trop artificielle. Pour les con- naître, le lecteur n'a pas besoin de savoir d'eux tout ce que sait le valet de chambre ou le camarade de chambrée, mais il veut tout de même en savoir plus long, sur leur existence physique, qu'un visiteur ou un passant. Surtout, il a le droit de pressentir ou de deviner toute leur existence morale, même celle qu'ils se cachent à eux-mêmes. Wells, Bennett, et principalement Gais- worthy, avaient bien déjà soulevé le rideau derrière lequel le plus vraï « gentleman »; la femme la plus pure, n'ose pas toujours pénétrer, et se reconnaître. Certains jeunes romanciers, Compton Mackenzie, Gilbert Cannan, D. H. Lawrence, ont essayé d'être plus francs, plus sincères encore. Ils ne pourront, dans l'état actuel de l'opinion, jamais l'être assez pour apporter au roman anglais cette portion de vérité — qui n'est, j'en conviens, qu'une portion — dont le roman français, depuis Madame Bovary, ne peut plus être dépossédé. Un d'entre eux, W. L. George, a publié sur ce sujet, dans son livre A Novelist on Noveh, des pages qui méritent attention : < Aucun caractère dans le roman contemporain de « l'Angleterre, n'est, dit-il, entièrement développé. Par- « fois, comme dans le cas de Mendel, Jude the Obscure, « Mark Lennon, Gyp Froisen, on a l'impression qu'ils « sont entièrement développés, parce que le livre décrit « leurs aventures charnelles. Mais on peut écrire mille « pages d'aventures charnelles, et ne rien produire qu'une j a ,tiz B dbvG00gle

Les