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pasteur. Elle a couru après l’amour, et l’amoureux s’est dérobé.

Carteret, avec ses trois filles, a donc quitté son presbytère important du sud, et abandonné ses espoirs de prochain avancement. Il s’est réfugié dans une paroisse obscure du nord, à l’extrémité d’une bourgade, au bord des bruyères et des collines, sans rapports avec la « Gentry » qui connaît son histoire. C’est là que les trois sœurs vont rencontrer leur destin.

Elles sont également en proie à l’instinct, au besoin physique d’aimer. Miss May Sinclair n’est pas de celles parmi les romancières anglaises qui en cachent l’existence. Mary, placide, attend. Alice, impulsive, est sujette à d’inquiétantes sautes de santé mentale et physique. Elle ignore la résistance et la patience. Chez Eleanor, le tempérament est non moins vigoureux, mais s’allie à une imagination, une intelligence d’artiste, et un vrai cœur de femme. C’est un chef-d’œuvre naturel entre deux œuvres de la nature.

Les trois sœurs, l’une mûre, l’autre enfant, paraissent condamnées au célibat quand un jeune médecin vient s’établir dans le voisinage. C’est le seul mari possible, et elles sont trois…

Alice s’offre au docteur, mais sent qu’Eleanor est préférée, et va de prostrations en exaltations vers la mort ou l’inconduite.

Eleanor, après avoir acquis la conviction qu’elle aime et va être aimée, écarte l’aveu et s’éloigne afin de permettre le salut d’Alice par le mariage. Mary se réserve demeure passive. La révélation de son caractère n’en sera que plus dramatique.

Le père, aveugle qui se croit pénétrant, et tyran qui s’ignore, pousse inconsciemment à la catastrophe en