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Aux grandes machines à succès de Marie Corelli, combien il faut préférer les sincères, modestes, courageuses fictions qu’une foule de femmes de talent écrivent dans leur famille, dans leur province ! Sans doute elles n’échappent point aux influences, aux préoccupations du moment. Aucune d’entre elles ne connaîtra la grande gloire. Leurs mémoires iront rejoindre celles des Jane Austen anonymes, des George Eliot ignorées que l’Angleterre n’a cessé de produire. Ce sont pourtant ces nombreuses romancières mal connues qui cultivent et entretiennent le magnifique jardin de l’imagination dans le peuple britannique. Les contes irlandais de Miss Jane Barlow, de Katherine Tynan (Mrs. Hinkson) et les charmants récits de Miss Edith Somerville et Miss Violet Martin,[1] les romans écossais des Misses Fïndlater et, plus près de nous, les puissantes évocations de la vie paysanne dans le sud de l’Angleterre, dont Mrs. Dudeney est l’auteur, suffiraient à illustrer une littérature moins riche.

The House of Many Mirrors, par Violet Hunt ; Good Old Anna, par Mrs. Belloc Lowndes ; l’amusant Bridge of Kisses, par Berta Ruck (Mrs. Oliver Onions), et même Iron Stair de Rita, peuvent donner au lecteur français une idée de l’infinie variété, du talent parfois remarquable que déploient leurs auteurs. J. E. Buckrose (Mrs. Falconer Jameson) dépeint dans The Roundabout et maint autre roman de l’Est-Yorkshire une vie provinciale tout aussi intéressante que celle des Five Towns de M. Arnold Bennett. Elle y apporte le sens de l’histoire locale, la pénétration du caractère féminin et une vivante perception des effets de l’évolution sur les générations d’une même famille et les couches sociales d’une même cité.

  1. Pseudonyme commun : Edith Œ. Somerville et Martin Ross. Je préfère leur Real Charlotte aux Adventures of an Irish R.M.