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cinq grands romanciers contemporains 167 social, et un peu de sa tragédie, se rencontrent dans l'œuvre d'Arnold Bennett. Il n'y a, dans ce milieu commercial, ni mouvement d'idées ni mouvement d'émotions. Tout y est gris, terne, et n'a d'autre beauté que celle qui est au fond de toute chose existante, simplement par le fait qu'elle existe. C'est un tour de force que de l'avoir rendue sensible, et c'est par là qu'Arnold Bennett mérite son succès. « Burslem — hautes cheminées et fours arrondis, « écoles, place violette du marché neuf, la tour grise de « la vieille église, le clocher du temple aux génuflexions, « et les chapelles rouges, les rangées de petites maisons « rouges avec les tuyaux ambrés de leurs cheminées, et « l'ange doré qui domine le tout du haut de la mairie « charbonnce. Les bruns rougeâtres et calmes de l'en- « semble, tout enveloppés dans les écharpes fuyantes « d'une résille de fumées, s'harmonisaient d'une façon « exquise avec les bleus froids d'un ciel bigarré. Une « beauté s'en trouvait créée, et personne ne la voyait ...» Il y a beaucoup de passages de ce genre dans l'œuvre d'Arnold Bennett, qui montrent qu'il n'est pas un philistin. De même, dans ses tableaux d'humanité, le charme et la grâce, tout enrésillés de fumée qu'Us paraissent, ne sont point absents. Mais, ce qu'il voit habituellement, c'est la terne grisaille des paysages industriels et des âmes mercantiles : « murs rugueux de briques, finis n'importe comment « avec des gravats . . . allées étroites et inégales, con- « duisant à des ateliers et des fours tout en désordre, 4 chaumières transformées en usines et usines en chau- 4 mières, le règne d'un provisoire mal fichu, éhonté, sale, « pittoresque. » Dans ce milieu médiocre, d'obscures dynasties se sont élevées et ont détruit d'autres dynasties, des âmes j a ,tiz B dbvG00gle

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