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Régivnalistes 137 « que les yeux d'un oiseau. . . . Mary Faicroire aimait < tendrement sa mère, et sa mère lui rendait son affection « avec une passion débordante, qui, parfois, se tournait

  • en caresses physiquement douloureuses. »

Le caractère des deux femmes révèle avec un bonheur achevé les incroyables contrastes et les nuances infiniment précieuses de l'âme féminine dans le peuple d'Irlande. Outre sa haute valeur littéraire le livre a celle d'un docu- ment psychologique et social. Rien n'est moins connu, rien n'est plus original, que la survivance du tempérament celtique dans la vie des travailleuses irlandaises ; imagi- nation intense et tempérament élémentaire, violence des réflexes,extrèmeculturesentimentaleetextrêmeignorance intellectuelle, pureté du cœur et franchise des sens. Une prose fluide et pourtant éloquente, fort travaillée sans en avoir l'air.habille ce charmant récit d'une espèce de simpli- cité savante, qui fait penser aux meilleurs conteurs du dix- ■ huitième siècle. Non que James Stephens soit un savant, mais il a le don de l'évocation, il a vécu d'abord la vie des pauvres gens. L'amitié de G. W. Kusso.lI a beaucoup fait pour sa culture littéraire. Il apporte à son œuvre une richesse de dons, une chaleur d'âme, un dévouement artistique qui imposent le respect. Il serait exagéré de dire, sur la foi de deux ou trois livres, dont un seul de premier ordre, que James Stephens a réalisé son destin. Fier de son origine et de sa patrie, péaétré des nobles et riches légendes qui sont à la source de l'histoire celtique, il s'applique en ce moment à les interpréter dignement, et, s'il réussit, c'est la révélation d'une nouvelle littérature classique qui sortira de cet effort. C'est au nord de l'Irlande, dans la métropole industrielle de Belfast, que St. John Ervine a trouvé la matière de Mrs. Martiris Mon, Là, point de grâces, peu de poésie, D 3 'fe«iby Google

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