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Lp.Rûman. anglais de Notre Temps ouvrages. Qui Ht, qui lira les romans des dames savantes et distinguées dont les œuvres prétendent nous repré- senter l'Angleterre contemporaine? Samuel Butler, ro- mancier amateur, survivra probablement à maint pro- fessionnel de son époque. Le danger de l'excès, même dans la vertu, et du zèle, même pour le bien ; la dénonciation de la pauvreté comme si elle était un vice et de la richesse comme si elle était une sottise ; l'apologie du juste milieu par la destruction réciproque des contraires ; la critique de la tyrannie domestique ; la présentation de la femme comme l'élé- ment agresseur dans la lutte des sexes; la déprimante influence du devoir sans plaisir dans l'éducation comme dans la vie ; l'active valeur du plaisir, avec ou sans devoir, comme mobile de l'existence; la vérité, synonyme de la bonté, mais la bonté plus obligatoire et plus vraie que la vérité quand elles sont en conflit : voilà des thèses que Bernard Shaw a, durant quinze années, empruntées pres- que littéralement à Samuel Butler. Il aurait pu les trou- ver aussi bien chez les anciens moralistes de l'ordre des Jésuites, s'il s'en était douté. Mais il ne s'en doutait pas. Avec le luxe d'éclairage qui convient au théâtre il a traîné sur la scène ces vieilles idées rajeunies, fardées, grimaçantes. Samuel Butler croyait sincèrement les avoir découvertes. Et en effet, il les avait lentement élaborées, sans savoir qu'elles lui venaient, peut-être, d'une « Tète ronde » facétieuse. Elles avaient, chez lui, plus de naturel et de dignité, parce qu'elles se mou- vaient à travers les carnets de notes, dans la pénombre des bibliothèques, qui convient à leur âge, à leurs traits équivoques. Bernard Shaw les a traitées comme l'Armée du Salut traite les sentiments religieux ; grosse caisse, D3'««dby Google

Samuel