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pieds solidement liés, étaient étendus le long du plat-bord.

L’épouvante était peinte dans leurs traits. Quelques-uns priaient ; d’autres proféraient des imprécations ; le plus grand nombre paraissaient plongés dans une prostration complète.

Auprès d’eux, les Apôtres déposèrent les corps des passagers, plus surpris, mais aussi effrayés que les matelots.

— Ah ! je me doutais bien que ça finirait ainsi, marmottait un de ces derniers ; mais le capitaine est un entêté. Il n’a pas voulu m’écouter. J’étais pourtant bien sûr que c’était un des Apôtres que j’avais vu au Sault ! maintenant, nous allons filer notre dernier nœud !

— Est-ce qu’ils nous tueront ? s’enquit un passager.

— Vous pouvez y compter, répondit le matelot. Quand est-ce que les Apôtres ont jamais fait grâce à leurs victimes ! nous n’en avons pas pour longtemps. Tenez, voilà que ça commence ; regardez.

En ce moment, les Douze Apôtres étaient rassemblés sur le pont de la Mouette, dont on avait levé les ancres, déferlé quelques basses voiles, et qui rangeait la côte de la presqu’île Kiouinâ.

En outre des falots trouvés sur le bâtiment, ils avaient allumé plusieurs torches de résine, dont la flamme vacillante zébrait de teintes rouges et de volutes de fumée grisâtre le noir de la nuit.