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Dubreuil se retourna et vit, avec un étonnement nouveau, que le renflement des eaux diminuait en longueur, pour se ramasser, se condenser, s’exhausser à son milieu.

Quelques minutes après, il figurait une colonne dont la base pouvait avoir un kilomètre de circonférence et dont le fût, s’amincissant progressivement, se perdait dans les airs.

Des secousses, terribles comme des tremblements de terre, faisaient tour à tour rouler et tanguer la Mouette.

Le lac entier, si tranquille un moment auparavant, s’était agité ; il moutonnait, écumait bruyamment aux flancs du navire.

Bientôt, le temps, clair et serein jusque-là, s’assombrit. La colonne disparut dans une bruine grisâtre, à laquelle succéda une pluie torrentielle, qui tomba tout le jour.

Sur le soir, on jeta l’ancre sous le Portage du lac, au pied même de la presqu’île ou pointe Kiouinâ.

La Mouette était arrivée à destination.

Elle devait débarquer, le lendemain, ses passagers et son chargement.

Sauf un homme de bossoir laissé en sentinelle, tout le monde se coucha de bonne heure, car si l’équipage était excédé par les travaux de cette dure journée, les passagers étaient fatigués par le ballottement qu’il leur avait