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Sur ce pli d’eau, au sommet duquel, comme une plume, voltigeait le léger bâtiment, couraient des vagues énormes, qui le prenaient soit en proue, soit en poupe, le portaient tantôt à la crête d’une montagne, et tantôt le précipitaient dans un abîme.

C’était effrayant ! c’était merveilleux !

Avec cela, pas un souffle d’air, pas une ride, pas un froncement à la surface du lac, de chaque côté du bâtiment.

Il semblait que la Mouette flottât dans l’air.

Mais des mugissements terribles, caverneux, comme ceux qui précèdent les éruptions dans les contrées volcaniques, se faisaient entendre ; des paquets d’eaux énormes submergeaient, à chaque minute, ou l’avant ou l’arrière du vaisseau.

Il était à craindre qu’il ne s’engloutît.

Adrien Dubreuil se rappelait bien avoir lu la relation des singulières tourmentes auxquelles sont sujets les lacs Supérieur et Huron, mais combien ce qu’il voyait était loin même des récits qu’il avait taxés d’exagération !

Sur la Mouette, on avait serré toutes les voiles, à l’exception de celles de beaupré.

Le pilote, le capitaine et deux robustes matelots se tenaient à la barre.

Leurs efforts réunis tendaient à profiter d’un des plongements du navire entre deux vagues, pour le pousser hors de cette redoutable chaîne de brisants.