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Un morceau de mess pork, entouré de patates cuites à l’eau, une oie sauvage bouillie, des pickles, et du biscuit dur comme du silex, composaient le menu.

De même que tous les repas américains, celui-ci fut silencieux ; silencieux cependant n’est pas le mot propre, car si l’on ne parla pas, le cliquetis des mâchoires et des fourchettes, les craquements secs du biscuit, chaque fois qu’on le rompait, constituèrent une somme de sons assez respectable.

Le couvert enlevé, les Américains se mirent à boire du whiskey en faisant une partie de bluff avec le capitaine.

Dubreuil remonta sur le pont où il resta jusqu’au thé.

La soirée étant très-fraîche, sa tasse de thé prise avec un cracker et un peu de beurre salé, Adrien se coucha, tandis que les Yankees se remettaient au jeu et au whiskey.

Ils passèrent ainsi la nuit.

Le lendemain l’un d’eux avait perdu cinq cents dollars. Cette perte ne l’empêcha pas de reprendre les cartes aussitôt après le déjeuner.

Il perdit encore ce jour-là, ainsi que le suivant, et ne s’en montra pas plus triste.

La même cabine servait de salle à manger, chambre à coucher, tripot.

Durant la troisième nuit, Dubreuil entendit l’infortuné perdant qui disait à ses compagnons de jeu :