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car si vous le portez longtemps encore, même ici, je ne réponds pas plus de votre peau que de lui.

— Cacher mon uniforme ! l’uniforme du 7e dragons ! jamais ! répondit l’ex-cavalier avec un mouvement d’une grandeur héroï-comique.

— Il le faudra, cependant, et dès aujourd’hui, dit Dubreuil.

Jacot jeta sur l’ingénieur un regard où se peignaient la consternation et la douleur.

— Oui, appuya Adrien, je l’ordonne.

À ce mot, la pipe du dragon lui tomba des dents et se brisa sur le sol.

Deux grosses larmes brillèrent au coin de ses paupières et roulèrent sur ses joues.

— Puisque c’est la consigne on obéira, dit-il d’une voix altérée.

Ce chagrin naïf, mais vrai, mais profond, touchait vivement Dubreuil.

Cependant, il lui importait de ne pas faiblir, car il devinait les ennuis, sinon les périls, auxquels les exposerait l’habit du dragon ; il feignit donc de ne point remarquer l’impression que son ordre avait causée au pauvre Jacot.

Ce dernier s’était levé, et lentement, tristement, la mort dans l’âme, il s’avançait vers la porte de la chambre à coucher, pour remplacer sa tenue par un habillement de chasse.