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— Je les vois parfaitement, dit Adrien.

— Alors sois prévenu que, pour un bouton de l’habit de ton engagé[1], la plupart risqueraient leur vie.

Adrien partit d’un éclat de rire.

— C’est impossible ! dit-il en haussant les épaules.

— Crois-en la parole de Sungush-Ouscta, qui n’a jamais laissé sortir un mensonge de ses lèvres.

— Mais…

— Tu es donc arrivé depuis peu dans le pays ?

— Hier soir seulement.

— Tu viens chasser sans doute ?

— Non, je viens explorer des terrains miniers.

Le front du Bon-Chien s’éclaira.

— Enfin ! murmura-t-il.

Puis à voix haute :

— Les Français envoient-ils leurs jeunes guerriers pour reprendre le territoire aux Anglais ?

— Cela se pourrait bien, dit Adrien, répondant à une secrète espérance de son cœur plutôt qu’à la question de son interlocuteur.

— Mon frère, dit ce dernier d’un ton ému, une affaire m’appelle vers l’Ontario. Je serai de retour dans trois ou quatre lunes. Ma tribu est campée à l’ouest du grand lac. Si, dans tes voyages, tu rencontres un Na-

  1. C’est le terme français usité dans l’Amérique septentrionale pour signifier domestique.