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cou, lequel, effilé, droit, guindé, a assez l’aspect, en y ajoutant le crâne, d’un point d’exclamation tourné en sens inverse ; — imaginez cela, et vous aurez une idée approximative du portrait de maître Jacot Godailleur.

Ah ! n’oublions pas : un visage osseux comme celui d’un Indien, gravelé, couturé, brouillé de petite-vérole.

Le corps était à l’avenant. Les omoplates formaient angle droit avec le col, angle droit avec les bras. Pour le buste, sa petitesse surprenait ; mais, en revanche, quelles jambes ! quels pieds ! Ils rappelaient à s’y méprendre ceux de feu don Quichotte.

À vrai dire, Jacot Godailleur n’avait pas que ce trait de ressemblance avec le brave chevalier de la Manche.

En l’examinant de près, soit au physique, soit au moral, on trouvait, entre lui et le héros de Cervantès, un air de famille qui faisait sincèrement douter que le premier eût été jamais le produit de l’imagination du second.

Comme les physiologistes prouvent — ils l’affirment, — que les petits-fils empruntent généralement leur mine aux ancêtres, je suis assuré que le créateur de don Quichotte s’était, pour sa création, inspiré de l’un des aïeux de Jacot Godailleur.

Mais nous n’en sommes pas encore au plus pittoresque de notre description.

Une vingtaine de gamins, peaux rouges, peaux jaunes, peaux blanches, avaient suspendu leur jeu de la