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— Mais pourquoi vous exposiez-vous au milieu de ces récifs dangereux ?

— Mon frère n’est-il donc pas Canadien ?

— Non ; je suis Français, répondit Adrien avec une nuance de vanité.

— Français de la vieille France ? reprit le sauvage d’un ton surpris.

— Oui, de la vieille France.

Shungush-Ouscta (le Bon-Chien) attacha sur son interlocuteur un regard de respectueuse admiration ; puis, se mettant à genoux devant lui :

— Mon frère, dit-il en tremblant d’émotion, me fera-t-il l’amitié de me donner la main ?

— Comment ! s’écria Adrien surpris, mais c’est avec le plus grand plaisir que je serrerai la vôtre, mon brave. Seulement, relevez-vous, je n’aime pas les gens dans une posture semblable.

Mais le Nadoessis, prenant la main du Français sans changer d’attitude, la baisa révérencieusement.

Puis il dit en contemplant Dubreuil avec une sorte d’adoration :

— J’aime mille fois le jour où je t’ai rencontré, mon frère, car j’ai constaté que ta nation est aussi hardie, aussi adroite, que me l’avait dépeinte mon grand-père. Maintenant que j’ai vu un Français, un Français de la France, je n’ai plus rien à désirer.

— Mais ne restez pas ainsi prosterné devant moi, je ne