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— Qui ça ?

— Un sauvage. Il arrive des pays d’en bas[1], comme dit le bourgeois Rondeau, et il a une lettre pour vous.

— Une lettre pour moi ! qu’il entre, fit Adrien avec vivacité.

Un Indien de haute taille et de belle prestance se présenta peu après.

— On m’appelle, dit-il, Sungush-Ouscta : mon frère me reconnaît-il ? il m’a sauvé la vie, je ne l’ai pas oublié.

— Sungush-Ouscta ! Oh ! oui, je vous reconnais, vous êtes le frère…

Dubreuil s’interrompit, n’osant prononcer le nom de celle qu’il aimait.

— Je suis, dit gravement le chef nadoessis, frère de Meneh-Ouiakon. Voici sa parole qu’elle t’envoie par moi, pour que tes yeux en prennent connaissance et la marquent dans ton esprit.

Et il lui tendit une lettre.

Adrien Dubreuil la parcourut rapidement, en frémissant et en pâlissant. Puis, d’une voix altérée, il s’écria :

— Quoi ! ce scélérat de Judas l’a poursuivie jusqu’à Montréal ; il a tenté de l’enlever, de lui faire violence, et, n’y pouvant parvenir, lui a jeté une bouteille de vitriol au visage. Oh ! le monstre !… Ah ! je suis déter-

  1. Les pays à l’est du désert, par opposition aux pays d’en haut. Voir nos précédents ouvrages.