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et chercher le bois pour allumer le feu, puisera de l’eau, et préparera les aliments nécessaires au repas de la famille. Enceinte, on n’aura pas plus d’égards pour elle. Prise des douleurs de l’enfantement, elle se retirera dans quelque coin, se délivrera elle-même et retournera aussitôt à ses accablantes occupations.

Ainsi ou à peu près est traitée la femme orientale.

Mais l’infortunée aura-t-elle une sépulture au moins ? — Rarement. Quant au guerrier, ses obsèques se font en grande pompe. Il s’est réservé une place dans le séjour des esprits ; mais il en a refusé une à celle qui fut la compagne de sa vie. Qu’irait-elle y faire, d’ailleurs ? Le paradis des Peaux-Rouges est un lieu où l’on ne fait que chasser et se battre. Il ressemble en cela à celui des héros Scandinaves ; mais la charmante Walkyrie qui doit verser l’hydromel aux braves n’y figure nulle part. Elle n’y a pas de rôle, car, avant l’arrivée des Européens, l’Amérique ignorait les avantages d’une civilisation qui lui a apporté les boissons fermentées et la petite-vérole !

Tu supposes probablement que le veuvage est pour les squaws une condition très-enviable. Ah ! bien oui ! Le bourreau n’abandonne pas ainsi sa victime. Ici, le mort prend le vif. Il y a quelques jours, je remarquai une squaw déguenillée et portant soigneusement dans ses bras une sorte de sac, arrangé comme une poupée. Je demandai ce que c’était ; on me répondit que c’était le gage des veuves.