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nous ? Incessamment elle les blesse et les aiguillonne sans pouvoir jamais les guérir, puisqu’elle ne peut jamais prévenir l’arrivée du mal, qui s’attache aux enfants de la terre comme les ronces aux jambes du voyageur. »

Comment trouves-tu cette philosophie, mon cher Ernest ? N’a-t-elle pas son côté vrai, séduisant, et n’est-elle pas aussi logique que bon nombre de savantes théories de nos sages civilisés ?

Encore un peu, je me sauvagiserais ; grâce pour le barbarisme, il est de circonstance.

Quand l’Indien vient au monde, sa mère lui donne un nom, généralement pris dans la nature. Il s’appellera l’Éclat-de-Tonnerre, le Pied-de-Bison, le Grand-Chêne, l’Épervier, le Nuage-qui-File, si c’est un garçon ; la Feuille-Verte, la Petite-Corneille, l’Éclair, la Colombe-Agile, si c’est une fille.

Cet enfant, mâle ou femelle, est étendu sur une planche où on l’assujettit par des courroies et où il demeure jusqu’à l’âge de trois ou quatre ans. Rarement la mère le change. En route, elle porte le berceau sur son dos, à l’aide d’une bande de cuir ou d’écorce passée devant son front ; au repos, elle l’appuie obliquement contre un arbre, une pierre, un canot, ou le suspend à une branche.

Dès que l’enfant marche, on lui apprend à se fabriquer un arc, des flèches, ou à manier l’aiguille.

À quinze ans, les garçons se préparent à accompagner