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leur préféraient souvent certains hommes déguisés en femmes[1].

Les querelles, les rixes, les meurtres étaient journaliers, non seulement parmi les Peaux-Rouges, mais parmi les Bois-Brûlés ou métis, et, j’ai regret à le confesser, parmi les gens de notre race, qui, du reste, ont en majorité adopté les usages indiens.

Défense expresse avait été faite aux Apôtres de se mêler au wa-ba-na. Ils passèrent les huit jours d’orgie à se partager le butin, composé de pelleteries, poudre, plomb, spiritueux, instruments de chasse et de pêche, étoffes, quincaillerie, et à le charger sur un schooner qui était à l’ancre dans le port de la factorerie lorsqu’ils s’en rendirent maîtres.

Les sauvages et les alliés blancs reçurent une faible part de ce butin ; puis ils s’éloignèrent après avoir épuisé les rations d’eau-de-feu que Jésus avait octroyées à chacun d’eux.

Quelques-uns en voulaient davantage. Mais il s’y refusa. Je craignais qu’une révolte ne fût le résultat de son refus et qu’il ne mît en péril sa vie et celle de ses gens ; car, me disais-je, que peuvent une douzaine d’individus contre plus de deux cents ! J’ignorais encore le prestige exercé par les Apôtres sur les bords du lac Supérieur.

  1. Longtemps contesté, ce fait est aujourd’hui certifié par le témoignage des voyageurs les plus consciencieux, comme Schoolcraft, Mc Kenney, le prince Maximilien de Wied-Neu Wied etc.