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térêt que je te porte, depuis bientôt un mois tu voyagerais sur la grande route de l’éternité.

— Je vous sais gré de ce que vous avez fait pour moi.

— Et je ferai plus encore, par la vertueuse Shilagh ! épouse du bienheureux saint Patrice, dit Judas en aiguisant davantage le regard qu’il tenait rivé sur Dubreuil.

— Je n’ai qu’un seul désir, insinua ce dernier.

— Recouvrer ta liberté ?

— Oui.

— Eh bien, tu la recouvreras.

Adrien leva les yeux sur l’Apôtre.

— Oui, appuya Judas, tu la recouvreras ta liberté ; … mais à une condition.

— Laquelle ? dites.

Comme un feu follet, sur la face osseuse du lieutenant passa une lueur de satisfaction qui s’évanouit dès qu’elle y eut répandu un faible rayonnement.

Avant de répondre, il se dirigea vers la porte, l’ouvrit pour s’assurer qu’il n’y avait personne dans la galerie, et revint se placer devant le lit du malade.

— Ainsi, jeune homme, dit-il en traînant ses paroles, la liberté te semble un bien inestimable, et tu sacrifierais volontiers quelques années de ta vie pour l’obtenir, ce bien.

— Quelques années ! répéta Dubreuil surpris.

— J’entends quelques années qui ne te seraient pas sans profit.