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On y voyait des daims rôtis tout entiers, des estomacs de caribous, pendus par des ficelles au plafond et contenant la soupe[1], de monstrueux boudins de pemmican, des bosses de bison cuites enveloppées dans la peau de l’animal, des faisceaux d’os à moelle fumants, et d’énormes chaudières renfermant la fameuse tiaude, espèce de ragoût composé de poisson frais, saumon, esturgeon, maskinongé ou morue, et de tranches de lard, en haut renom sur les bords du lac Supérieur et du golfe Saint-Laurent.

Entre ces plats gigantesques, posés à même sur le bois brut, se dressaient des cruches remplies de whisky, de rhum, ou d’eau-de-vie de riz sauvage.

La table pouvait aisément contenir cinquante personnes, mais le couvert n’était mis que pour treize.

Quel couvert ! un morceau d’écorce en guise d’assiette, un vase de corne ou de bois servant de verre, une épine au lieu de fourchette.

Pour suppléer aux ustensiles qui manquaient, nos Apôtres n’avaient-ils pas leurs couteaux ?

Les voici attablés, le Mangeux-d’Hommes à un bout, l’Écorché en face, leurs gens dispersés à quatre ou cinq pieds les uns des autres. Mais les concubines de chacun envahissent les espaces intermédiaires. Elles s’empressent, par groupes, autour de leurs seigneurs, moins sans

  1. Voir Poignet-d’Acier.