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jusqu’à neuf heures du soir, je me promène encore dans cette plaine de Chailly que Millet préférait à la forêt. Elle est superbe en effet, par ces belles soirées que les paysans emploient à construire leurs immenses meules de blé si pittoresques. Je les regarde s’évertuer jusqu’à la nuit close, en causant avec eux, puis je vais me coucher, tombant de sommeil, car j’ai fourni sept heures de travail et j’ai beaucoup marché. La forêt, tandis que je m’y promène sans jamais rencontrer personne, me donne d’excellents conseils, me dit des choses très sages, très calmantes, et parfois, à un tournant de chemin, près d’une roche où nous nous sommes reposées ensemble, je crois voir ma pauvre maman. Elle est partout dans ces bois qu’elle aimait tant. Allez !… je ne suis pas seule ! Morts, absents, est-ce que les êtres que j’aime le plus ne sont pas habituellement