Page:Chevalier - Madame Th Bentzon.djvu/162

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

séparation, lui avait causé une joie qui fut de trop courte durée ; avant lui, elle vit mourir Mme Delzant, l’amie chère entre toutes. La brusque maladie de celle-ci lui arracha ce cri d’angoisse : « Si Gabrielle disparaissait, une force bienfaisante quitterait ce monde. » Et lorsqu’elle l’eût conduite dans le cimetière de Taillac, où tant de fois elles s’étaient agenouillées ensemble, « sous les cyprès dont la silhouette massive ajoute à l’aspect italien du ciel et des collines… où la grande croix veille sur son repos[1] », Thérèse Bentzon sentit qu’elle avait subitement vieilli.

Accablée, mais toujours courageuse, elle exprimait en phrases pénétrantes, ces sensations d’une âme que l’âge dégage de ses liens : « Chère amie, ne dépréciez pas votre affection ; c’est un

  1. Th. Bentzon. Préface aux Lettres de G. Delzant.