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celui des bruyères, mais il est si doux !… Elles réapparaissent comme les plus bienfaisantes, les plus féminines des fleurettes. Féminines à leur manière, mais dans le mauvais sens du mot, sont les colchiques qui plus bas, beaucoup plus bas, moirent de rose le vert tendre des prés humides au fond de la vallée du Morin. Oui, avec leur ton de chair exquis, leur élégante fragilité, elles font penser à de petites fées dansant des rondes folles et malfaisantes… Je ne vanterai jamais assez les haies vives de ce joli pays de Jouarre ; elles vont escaladant des deux côtés la pente rapide des chemins, entremêlant dans un fouillis inextricable l’aubépine, le prunellier, le genévrier, l’épine-vinette, la ronce. Ce sont des fruits de corail ou de rubis, de grosses perles noires, tout un écrin de couleurs diverses qui tente la main des enfants barbouillés de mûres jusqu’aux oreilles, et le bec