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MADAME IDA PFEIFFER

un cercle qu’elle leur défendit de franchir. Cette défense fut scrupuleusement respectée ; mais il fallut encore faire entendre raison à la femme du conducteur, qui l’accablait de demandes de cadeaux et l’aurait totalement dépouillée. Heureusement son mari rentra, et Mme Pfeiffer lui adressa ses plaintes, feignant de vouloir quitter sa
Le Tigre à Bagdad.
maison ; car elle savait que l’Arabe regarde le départ d’un hôte comme le plus grand des déshonneurs. Il ordonna aussitôt à sa femme de la laisser tranquille. « Partout, dit à ce propos Mme Pfeiffer, je suis parvenue à faire respecter ma volonté, tant il est vrai que l’énergie et le sang-froid en imposent aux hommes, qu’ils soient Arabes, Bédouins ou autres. » Vers le soir, elle vit, à sa grande joie, une marmite contenant de la viande de mouton bouillir devant le