à se distraire de ses soucis en continuant en secret ses rêves de voyages et d’aventures. Dans un séjour à Trieste, la vue de la mer réveilla ses anciennes aspirations, et les fantaisies de l’enfant devinrent la résolution fixe et sérieuse de la femme.
Bien des années s’écoulèrent avant qu’elle pût la mettre à exécution.
Enfin l’avenir de ses fils fut assuré ; son mari, séparé d’elle d’un
commun accord, s’était retiré à Lemberg ; sa mère était morte quelque
temps auparavant, et l’héritage qu’elle lui avait laissé, quoique
Rio-Janeiro.
modeste, permettait à Mme Pfeiffer de suffire
aux dépenses qu’entraînait
l’accomplissement de ses projets, d’autant mieux, elle le disait
elle-même, qu’une somme qui aurait à peine suffi à un voyageur
comme Chateaubriand ou Lamartine pour une excursion de quinze
jours, lui suffisait, à elle, et elle le prouva, pour faire en trois ans le
tour du monde. Elle avait quarante-cinq ans, et pouvait, ajoutait-elle
en souriant, voyager seule en effet, quoique une femme ait rarement
à cet âge l’idée de quitter son foyer, cela simplifiait une entreprise
qu’entouraient encore assez de difficultés.
Ayant achevé ses préparatifs, elle commença son premier grand voyage en mars 1842, et pour cacher son dessein, elle dit seulement