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MADAME LÉONIE D’AUNET

fabriquent une sorte de drap grossier et solide dont les hommes se vêtent. Les hommes sont tour à tour laboureurs, forgerons, maçons, charpentiers, et au besoin cordonniers et tailleurs. Les jeunes filles ont non seulement de bons vêtements et des meubles suffisants, mais quelques dentelles, quelques bijoux, des fichus de soie rapportés de la ville par le père ; et puis dans chaque maison on aperçoit, respectueusement posé sur un bout de tapis, le gros volume, bibliothèque du pauvre, le livre qui remplace et dépasse tous les autres, la Bible,
Vue de Norvège.
et chaque petit enfant saura vous en lire un verset. Douce et paisible existence ! froide, pure et égale comme l’azur du ciel du Nord, région sereine et humble, sans rayons, sans orages, que les cœurs fatigués regardent avec envie. »

On connaît le type norvégien, blond et robuste, un teint frais, des yeux bleu pâle ; les femmes sont grandes et souvent jolies. Mme d’Aunet acheta deux costumes de fête ; celui de l’homme rappelait tout à fait les modes Louis XV : grand habit à boutons brillants, culotte de peau, long gilet brodé, souliers à boucles et large chapeau de feutre ; celui de la femme était dans un tout autre style : une longue et étroite jupe de drap vert brodée en laines de couleurs vives, un bonnet en soie