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LES VOYAGEUSES AU XIXe SIÈCLE

des impressions blanches ; par excemple, des groupes de couronnes rouges au centre d’un cercle blanc, ou encore des rangées de couronnes blanches alternant avec des groupes d’étoiles. Les fonds bleu sombre avec des cercles et des croix jaune d’or, ou bien écarlate avec des ancres et des cercles oranges, ont aussi beaucoup de succès. À la description, cela paraît un peu tapageur, mais l’effet est vraiment pittoresque. La variété des dessins, dont pas un ne s’est jamais vu en Angleterre, est quelque chose d’étonnant. En outre, les hommes portent des chemises blanches et des chapeaux de marins, sur lesquels ils attachent des mouchoirs de soie aux vives couleurs, noués sur l’oreille ou qu’ils entourent d’une guirlande de fleurs…

« Chacun apporte au marché ce qu’il peut avoir à vendre ; un jour la marchandise abonde, le lendemain il n’y a presque rien. Mais que ce soit peu ou beaucoup, le Tahitien le divise en deux lots et attache ses paniers ou ses paquets à un léger bambou qu’il porte en travers de l’épaule, et qui, si léger soit-il, pèse parfois plus que le maigre butin qui y est suspendu : quelques crevettes dans une feuille verte pendent à un bout, un homard à l’autre ; ou peut-être un minime panier d’œufs frais, auquel une demi-douzaine de poissons argentés font contrepoids. Mais d’autres fois le fardeau est si lourd, que le bâton plie ; c’est, par exemple, deux énormes régimes de bananes sauvages, et vous vous dites que l’épaule du pauvre homme doit être meurtrie, à les avoir descendues par les rudes sentiers de la fente de roc où l’arbre qui les portait avait sans doute sa racine. On dirait des bouquets de gigantesques prunes dorées ; comme couleur elles sont merveilleuses ; mais, en qualité de comestibles, je ne puis arriver à les apprécier, ce qui est fort heureux, car un proverbe indigène dit que l’étranger qui aime les faces ne peut vivre ailleurs qu’à Tahiti. Quand vous entrez dans le marché frais et ombreux, vous voyez ces grappes d’or pendre par centaines à des cordons tendus d’un bout à l’autre, avec des bouquets de mangues et d’oranges. Ces dernières sont également amoncelées dans des corbeilles garnies de feuilles vertes. Parfois on a insoucieusement coupé une branche entière chargée de fruits. Ananas, noix de coco, fruits de l’arbre à pain abondent également, ainsi que des paniers de rouges tomates[1]. »

Miss Gordon Cumming vient tout récemment de publier un volume intitulé : Wanderings in China (Promenades en Chine).


Miss Gordon Cumming, A Lady’s cruise, in a French man-of-war.

  1. A Lady’s cruise, in a French man-of-war.