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LES VOYAGEUSES D’AUJOURD’HUI




MADAME D’UFJALVY-BOURDON


Sous le titre : De Paris à Samarkand, impressions de voyage d’une Parisienne[1] Mme d’Ufjalvy-Bourdon a écrit une agréable relation de son voyage dans l’Asie centrale, où elle avait accompagné son mari, chargé d’une mission par le ministère de l’instruction publique, en 1876. C’est en réalité à Orenbourg que commence le voyage proprement dit, le chemin de fer récemment ouvert de Moscou à cette ville les ayant amenés jusque-là. D’Orenbourg ils partirent en traîneau, le 8 février 1877. « Le froid était de 20 degrés ; il neigeait un peu ; à notre traîneau étaient attelés de vigoureux et durs chevaux du steppe. Le chemin ne se reconnaissait qu’aux gerbes de paille ou aux fagots plantés de distance en distance sur l’immense nappe neigeuse. La troisième journée fut rude ; le vent soulevait tant de neige que le soleil en était obscurci. Il fallut atteler cinq chevaux au traîneau… Nous montons de plus en plus ; ce doit être un des premiers versants de l’Oural. Les mamelons se rapprochent, et malgré le danger, le vent et le froid, nous contemplons, émus, le magnifique panorama qui se déroule à nos yeux : de gigantesques masses de granit sont ensevelies sous la neige ; dans un lointain brumeux, nous distinguons des bosquets, des ravins, des vallées plus lointaines encore, et des villages… Le jour suivant, nous fran-

  1. Hachette, éditeur.