Page:Chevalier - Les voyageuses au XIXe siècle, 1889.pdf/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.
9
LADY HESTER STANHOPE

suffisant à sa surabondante activité. Elle avait un esprit trop énergique, une intelligence trop pénétrante pour estimer, si peu que ce fût, le pouvoir éphémère que donne la richesse ou la beauté ; elle voulait régner, gouverner, dominer, et, les sphères politiques lui étant fermées, elle résolut de chercher ailleurs un coin du monde où elle serait souveraine. Cette ambition sans frein, cet orgueil sans limite, obscurcissent la grandeur réelle de son caractère, et diminuent
Arabes du désert.
l’intérêt que cette femme extraordinaire ne peut manquer d’exciter chez l’observateur.

Après avoir passé quelque temps dans les principales capitales de l’Europe, elle arriva à Athènes, où elle fit la connaissance de lord Byron. Dans son langage emphatique, Moore conte qu’un des premiers objets qui frappèrent les yeux des voyageurs (lady Stanhope et M. Bruce), en approchant des côtes de l’Attique, fut le grand poète « se jouant dans son élément favori, sous les rocs de Colone ». Ils furent quelques jours plus tard présentés les uns aux autres par lord Sligo, et ce fut à sa table, dans le cours de cette première entrevue, que lady Hester, avec cette vive éloquence qui la rendait remarquable, attaqua l’auteur de Childe Harold sur la médiocre