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MADAME DE BOURBOULON


Le nom de Mme de Bourboulon ne peut être omis dans un livre consacré aux voyageuses célèbres. Catherine Fanny Mac-Leod naquit en Écosse ; mais elle n’avait que cinq ans lorsque sa mère, qui appartenait à l’une des familles les plus aristocratiques de ce pays, frappée d’un grand revers de fortune, se décida à le quitter avec tous les siens, et, secondée de ses trois sœurs, à aller fonder à Baltimore une maison d’éducation où furent élevées pendant quinze ans un grand nombre de jeunes filles distinguées. Ni la sympathie ni l’admiration des Américains ne manquèrent à la courageuse tentative de Mme Mac-Leod. Catherine était la plus jeune de quatre filles, et sa destinée sembla de bonne heure la vouer aux voyages. À treize ans, elle suivit au Mexique une de ses tantes qui avait épousé un diplomate espagnol, M. Calderon de la Burca, et plus tard fit avec elle un séjour d’un an en Europe, où elle s’initia à la civilisation et aux grands souvenirs de l’ancien monde. Une éducation brillante avait développé sa vive individualité et son esprit supérieur. À son retour en Amérique, elle fut entourée d’hommages et épousa, en 1851, M. de Bourboulon, secrétaire de la légation de France, qui venait d’être nommé ministre en Chine. La jeune femme partit courageusement, quittant sa famille et un pays aimé pour une contrée alors presque inconnue, et où bientôt la révolte des Taï-Pings allait amener tant d’horribles événements.

Pendant les dix ans qu’elle passa en Chine, Mme de Bourboulon partagea tous les travaux et les voyages de son mari, surtout les plus