Page:Chevalier - Les voyageuses au XIXe siècle, 1889.pdf/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
157
FRÉDÉRIKA BREMER
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

pas toute l’attention de Mlle Bremer. Dans l’Orient comme en Occident, elle en revenait toujours à la question de l’indépendance légitime et naturelle de la femme. Ce qu’elle voyait n’était pas fait pour l’encourager. Nulle part la situation des femmes n’est aussi déplorable, moins parce qu’elles sont privées de leur liberté que parce qu’elles sont condamnées à la plus honteuse ignorance et à la vie abrutissante des harems. Mlle Bremer demanda à plusieurs jeunes filles qu’elle avait distinguées par leur air vif et animé si elles n’avaient pas le désir de voyager et de voir la belle terre qu’Allah a créée. « Oh ! non, répliquèrent-elles ; pour des femmes ce serait un péché ! » Des femmes maintenues dans un état d’esprit aussi borné ne joueront jamais un grand rôle dans la régénération de l’Orient.


Jaffa.

Frédérika Bremer est avant tout philosophe, poète ensuite, rarement peintre ; son talent consiste dans la finesse des détails, et elle échoue lorsqu’il lui faut rendre par la parole la nature luxuriante et splendide de l’Orient. Aussi les descriptions dans lesquelles elle