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COMTESSE DORA D’ISTRIA


La princesse Hélène Koltzoff Massalsky, plus connue sous le pseudonyme de Dora d’Istria, descend de la famille des Ghika, anciens princes de Valachie, et naquit à Bucharest le 22 janvier 1829. Grâce aux soins assidus de son précepteur, le savant Grec Papadopoulos, et à ses remarquables facultés, son éducation fut notablement étendue. À onze ans elle composait un charmant petit conte, et encore fort jeune elle entreprit une traduction de l’Iliade. Elle ne montrait aucun goût pour les amusements frivoles ; sa conception de la vie et des responsabilités qu’elle nous impose était très sérieuse, et elle consacrait tout son temps et ses efforts à développer son esprit. Elle lut et relut les chefs-d’œuvre littéraires de l’Angleterre, de la France et de la Grèce ; c’était comme linguiste qu’elle se distinguait tout particulièrement. « Ses facultés intellectuelles, dit son maître, se développèrent avec une telle rapidité, que les professeurs chargés de l’instruire ne pouvaient avoir aucune autre élève capable de la suivre. Non seulement ses progrès étaient inattendus, mais ses maîtres étaient obligés d’employer avec elle une méthode spéciale, son esprit ne pouvant se soumettre à la contrainte des règles ordinaires. »

Elle était dans la fleur de la jeunesse lorsqu’elle fit un voyage en Allemagne et visita plusieurs cours princières, où elle excita les mêmes sentiments d’admiration que dans son pays ; il était impossible de la voir sans être attiré par tant de talents, d’amabilité et de grâce. Les voyages élargirent son horizon, elle y trouva