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LES VOYAGEUSES AU XIXe SIÈCLE

connaissance à Sumatra après avoir parcouru dans l’intervalle l’île de Célèbes, sont bien plus cruels encore ; ils se désaltèrent de sang humain et pratiquent le cannibalisme comme un art. On dit que certaines tribus achètent des esclaves en guise de bétail, pour les dévorer ; il est bien entendu que les prisonniers de guerre ou les naufragés qu’une tempête jette sur leurs côtes sont aussitôt victimes de ces barbares. Les voyageurs ajoutent qu’ils mangent également
Une forêt de Bornéo.
les vieillards qui ont cessé d’être utiles à la tribu. Ils attachent leur proie à un arbre, et la découpent vivante sans manifester la moindre émotion à la vue de son affreuse agonie. Cependant les Battaks sont supérieurs sous plusieurs rapports aux autres Malais ; leurs demeures sont plus belles et mieux construites ; ils paraissent plus intelligents. Dans le cours de ses explorations, Mme Pfeiffer s’arrêta dans leurs villages, et assista à leurs fêtes et à leurs occupations habituelles ; sa présence excitait une certaine curiosité ; les Battaks accouraient et se rassemblaient autour d’elle en poussant des cris aigus, mais sans manifester d’intentions hostiles. Cependant une ou deux fois les choses auraient mal tourné sans sa présence d’esprit. Un jour, elle se vit barrer le chemin par une troupe de quatre-vingts hommes à l’air