connaissance à Sumatra après avoir parcouru dans l’intervalle l’île
de Célèbes, sont bien plus cruels encore ; ils se désaltèrent de sang
humain et pratiquent le cannibalisme comme un art. On dit que
certaines tribus achètent des esclaves en guise de bétail, pour les
dévorer ; il est bien entendu que les prisonniers de guerre ou les
naufragés qu’une tempête jette sur leurs côtes sont aussitôt victimes
de ces barbares. Les voyageurs ajoutent qu’ils mangent également
Une forêt de Bornéo.
les vieillards qui ont cessé d’être utiles à la tribu. Ils attachent leur
proie à un arbre, et la découpent vivante sans manifester la moindre
émotion à la vue de son affreuse agonie. Cependant les Battaks sont
supérieurs sous plusieurs rapports aux autres Malais ; leurs demeures
sont plus belles et mieux construites ; ils paraissent plus intelligents.
Dans le cours de ses explorations, Mme Pfeiffer s’arrêta dans leurs
villages, et assista à leurs fêtes et à leurs occupations habituelles ; sa
présence excitait une certaine curiosité ; les Battaks accouraient et se
rassemblaient autour d’elle en poussant des cris aigus, mais sans
manifester d’intentions hostiles. Cependant une ou deux fois les
choses auraient mal tourné sans sa présence d’esprit. Un jour, elle se
vit barrer le chemin par une troupe de quatre-vingts hommes à l’air
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LES VOYAGEUSES AU XIXe SIÈCLE