Page:Chevalier - Les derniers Iroquois, 1863.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 76 —

— Vous croyez !

— J’en suis sûr.

— Eh bien, voulez-vous savoir la vérité ?

— Nous vous défions de la dire.

— Oui-dà ? repartit-elle d’un ton piqué.

— Parlez, ma chère Louise, car moi je suis convaincue que vous serez franche, dit madame Cherrier.

— Alors, répliqua la jeune fille, de sa voix railleuse, je vous déclare que j’aimerais mieux ce beau sauvage que le noble sir William King.

Une nouvelle explosion de rire accueillit cette plaisante déclaration.

— Ma foi, oui, ajouta Léonie, cette fois d’un accent sérieux ; sir William me déplaît. Et s’il ne tient qu’à moi, jamais je ne l’épouserai. Quoiqu’il soit venu exprès de Montréal pour me chercher chez ma tante où j’étais, Dieu merci, parfaitement, je vous jure que si vous ne m’eussiez pas accompagnée, je ne serais pas descendue avec lui, malgré les ordres de mon père. D’abord il a toujours à la bouche quelques mauvais propos contre les Canadiens, puis, enfin, il s’est permis une fois des libertés… Ah ! mon Dieu, qu’est-ce que c’est que cela ?

Cette exclamation avait été arrachée à la jeune fille par un violent mouvement de tangage.

— Rien, poltronne ; nous sautons les rapides ; faites des vœux pour que votre Adonis Peau-Rouge ait le coup d’œil juste et la main ferme, répondit Cherrier.