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— Dans tout ça, ma cousine, vous n’avez pas répondu à ma question, dit Léonie.

— Vous êtes une méchante espiègle.

— Ce n’est pas toujours une réponse. Je vous demandais si vos sauvages de la Colombie étaient aussi beaux que notre pilote.

— Mais, petite ignorante, ils ont la tête aplatie comme une poire tapée, intervint Xavier.

— Et ma cousine, qui était leur reine, ne l’avait pas la tête aplatie ? reprit Louise avec une ténacité plaisante.

— J’espère, dit le jeune homme.

— Et, s’écria-t-elle vivement, si elle avait eu la tête aplatie comme une poire tapée, est-ce que vous l’auriez épousée, malgré ce grandissime amour qui vous a entraîné dans les pays d’en haut[1] pour aller la chercher ?

Ces paroles furent prononcées avec une expression si comique par la folle créature, que Xavier Cherrier[2], tel était le nom du jeune homme, s’abandonna à un bruyant accès d’hilarité.

— Ça n’empêche, poursuivit Léonie, en jetant un coup d’œil sur le Petit-Aigle, qu’on voyait attelé à la roue du gouvernail, dans sa guérite, au-dessus de la machine ; Ça n’empêche, c’est une drôle d’aventure que la

  1. Les territoires habités par les Indiens du nord-ouest américain sont ainsi nommés au Canada.
  2. Voir les Nez-Percés.