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ques d’eau noirâtre où barbotaient quelques pourceaux étiques et des nichées d’enfants dégoûtants au possible.

Pourtant, au centre du village, on remarquait une maisonnette relativement assez élégante, mais qui, par les matériaux dont elle était composée, sinon par sa forme, affectait le type du wigwam indien.

Des peaux de buffle la recouvraient entièrement. Et, au lieu d’être ouverte à tous les vents ou d’avoir une méchante porte de bois comme les autres, elle se fermait au moyen d’un rideau en cuir d’orignal, orné de broderies en rassade[1], représentant un castor et un grand aigle à tête chauve.

Ces figures étaient le totem ou écusson d’un chef. Le castor est (avec la tortue) l’emblème des Iroquois et des Canadiens qui le leur ont emprunté ; l’aigle à tête chauve est un des symboles du pouvoir chez les Peaux-Rouges.

La hutte appartenait en effet à un sagamo. Sa femme, son fils et lui étaient considérés par les habitants du village comme les derniers Iroquois qui n’eussent pas dans leurs veines une seule goutte de sang mêlé.

C’était Nar-go-tou-ké, la Poudre, Ni-a-pa-ah, l’Onde-Pure, sa femme, et Co-lo-mo-o, le Petit-Aigle, leur fils unique.

Nar-go-tou-ké portait gaillardement ses cinquante an-

  1. Les Indiens appellent rassade les grains de verroterie enfilés dans des piquants de porc-épic.