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point dallée, pas même pavée, mais ses méandres sont si mystérieux, sa poussière est si molle, son gazon si doux, ses ombrages si frais… Ah ! oui, c’est bien dans la rue Sherbrooke qu’on aime à aimer !

Et quel merveilleux panorama se déroule à vos pieds, se masse sur votre tête ! C’est Montréal, la vigilante, qui chauffe ses fourneaux, ouvre ses chantiers, charge et décharge ses cargaisons, décore ses édifices, agite ses milliers de bras, comme ses milliers de têtes ! C’est une montagne dont les sommets altiers déchirent la nue ; ce sont de gras coteaux, des bois plus verts que l’émeraude, des vergers où se veloutent et se dorent les fruits savoureux, des parterres embaumés et diaprés de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.

L’extrémité septentrionale de la rue Sherbrooke aboutit à la rue Saint-Denis, grande artère qui s’appuie perpendiculairement sur la rue Notre-Dame, divise toute la ville du haut en bas et court s’épanouir dans la praire.

Elle forme la limite du faubourg Québec.

Dans ce faubourg, un des plus populeux de Montréal, essaiment des Canadiens-Français artisans, détailleurs ou débitants de boissons pour la plupart. Jadis ses hôtes étaient gens enrichis par la traite des pelleteries. On peut s’en convaincre aisément à l’apparence des maisons que les désastreux incendies de 1852 ont épargnées[1].

  1. Après ces incendies successifs, plus de vingt mille habitants se trouvèrent sans logements.