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ville s’étager en amphithéâtre dans les plis d’un terrain fortement tourmenté.

Les quartiers limitrophes du fleuve sont exclusivement consacrés aux affaires. La majeure partie de la population y est anglaise. Plus loin, en escaladant les premières rues de la montagne, nous rencontrons les rues Craig, Vitré, de la Gauchetière, Dorchester, et la grande rue Sainte-Catherine ; plus loin encore, la rue Sherbrooke. Toutes observent un parallélisme remarquable.

Les premières sont habitées par des Canadiens français, la dernière par l’aristocratie anglaise.

Perdue sous des allées d’arbres touffus, la rue Sherbrooke ressemble vraiment à l’avenue d’un Eden. Là on n’entend ni tumulte, ni grincement criard. Le chant des oiseaux, les soupirs d’une romance, les frémissements d’une harpe, le chuchotement d’un piano viennent caresser vos oreilles.

Là, point de luxueux magasins pour fasciner vos yeux, mais des cottages gracieux, des villas pimpantes, des manoirs féodaux en miniature, de vertes pelouses, des jardins émaillés de fleurs pour séduire votre imagination. Là, point de mouvement, point de passants qui vous coudoient, mais le murmure harmonieux du feuillage, des amants solitaires lentement pressés l’un contre l’autre, des apparitions enchanteresses qui vous ravissent le cœur.

Elle n’est point régulière, la rue Sherbrooke, elle n’est