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et le Saint-Laurent poussait sur ses grèves des hurlements de bête fauve.

Voici qu’une ombre se profile au faîte de cette tour si avidement scrutée ; mais cette ombre est haute, mais elle se détache si peu des ténèbres environnantes, qu’il faut les yeux d’une amante pour la discerner à pareille distance. Le cœur de la jeune fille cesse de palpiter, ses paupières se ferment, des bourdonnements remplissent ses oreilles.

Soudain, répété par mille échos, un coup de feu retentit au sommet de la citadelle.

Et, à la lueur de l’éclair qui a déchiré l’obscurité, Antoine a vu un homme suspendu dans l’espace à une corde attachée à la tour.

Le bruit sourd et mat, sinistre, d’un corps s’écrasant sur le sol, résonne.

— Ah ! exclame Antoine, le malheureux a été découvert ; une sentinelle l’a tué !

Léonie n’est plus là ! À peine a-t-elle entendu la détonation qu’elle s’est élancée vers la cime du cap. Une ardeur incroyable, surnaturelle, l’anime, lui prête des ailes. Avec l’agilité d’une panthère, elle escalade ces rochers dont l’aspect seul fait frémir, elle arrive au pied de la tour, se penche sur le corps pantelant, brisé, de Co-lo-mo-o, le baigne de ses larmes et de ses baisers.

On crie sur les remparts, on ouvre avec fracas les lourdes portes de la citadelle ; des torches circulent çà et là. Léonie est menacée. Si on l’aperçoit on tirera sur