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avait perdu une quantité de sang considérable. La fièvre s’était emparée d’elle. Elle délirait.

Mademoiselle de Repentigny manda un médecin.

— Si elle s’en tire, elle sera folle, répondit le praticien, après avoir examiné la malade.

Léonie jouissait de toute la liberté d’action des jeunes Anglaises. Elle s’établit au chevet de la moribonde, passa la plus grande partie de ses journées près d’elle, et, pendant trois semaines, la soigna avec la sollicitude de la plus affectueuse des filles. Mais ses soins étaient infructueux. Le mal empirait. Ni-a-pa-ah délirait toujours, annonçant dans ses hallucinations que l’heure suprême des Iroquois était venue, et que le dernier d’entre eux mourrait bientôt sans postérité, parce que elle, Ni-a-pa-ah, avait désobéi aux Manitous, en méprisant les prédictions de sa mère, la Vipère-Grise, pour suivre Nar-go-tou-ké à la Nouvelle-Calédonie.

Cependant Léonie cherchait un moyen de faire évader Co-lo-mo-o, qu’on avait enfermé à la citadelle de Québec. Grande était la difficulté. Cette citadelle, le Gibraltar du Nouveau-Monde, est perchée, comme un nid d’aigle, sur des rochers escarpés à plus de cent mètres au-dessus du Saint-Laurent. Une triple enceinte la défend du côté de la ville, et du côté du fleuve, où elle est presque inaccessible, ses murs ont cinquante pieds de haut.

Avec le consentement de M. de Repentigny, il eût été facile à Léonie de pénétrer dans la formidable bastille,