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Repentigny, la triste Léonie dévorait avidement les journaux. Elle espérait en tremblant y apprendre ce qu’il était devenu. Mais, quoiqu’il eût été arrêté le 4 novembre, le 20 elle ignorait encore son sort.

Ce jour-là, M. de Repentigny entra dans sa chambre en tenant une gazette à la main.

— Ah ! ah ! dit-il en souriant avec la satisfaction d’un homme qui apporte une excellente nouvelle, nous allons donc enfin apprendre la sagesse à messieurs les rebelles. J’ai le plaisir de t’annoncer, ma fille, que je suis sur le point d’être nommé juge en chef. Embrasse-moi, car ce n’est plus avec un simple baronnet, mais avec un lord, que nous te marierons : seras-tu heureuse de t’entendre appeler Your ladyship[1], hem ? J’ai déjà jeté les yeux sur un secrétaire d’ambassade… Mais nous en causerons plus tard, quand ton deuil sera fini. Voici le Herald du 19 ; il y a un article superbe ; tiens, lis.

Et le digne serviteur de la couronne britannique tendit le journal à sa fille, en marquant avec l’ongle un entre-filet ainsi conçu :

«Nous avons vu la nouvelle potence construite par M. Brondson, et nous croyons qu’elle sera dressée aujourd’hui devant la nouvelle prison, de sorte que les rebelles pourront jouir d’une perspective qui ne manquera pas

  1. Titre donné aux femmes des lords anglais ; il est intraduisible en français.