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C’eût été folie que de songer à traverser le Saint-Laurent pour se rendre à Beauharnais, éloigné de trois lieues, environ. Nul batelier, si habile qu’il fût, n’aurait pu gouverner un canot sur le fleuve par un temps semblable.

L’ouragan dura toute la nuit. Bon gré, mal gré, Co-lo-mo-o dut attendre au lendemain pour remplir sa mission. Parti de Lachine à huit heures, il n’aborda vis à vis de Beauharnais que vers deux heures, si redoutable était encore la colère des eaux.

Environné aussitôt par une multitude de patriotes armés, avides d’avoir des nouvelles, le Petit-Aigle s’acquitta de son message.

Il déclara qu’il fallait envoyer un courrier à Neilson et descendre immédiatement à Montréal pour y joindre les Fils de la liberté dans la matinée du dimanche.

On se conforma à son avis ; mais, avant de quitter le village, les insurgés assaillirent la maison d’un certain Ellice, chef du parti anglais à Beauharnais et un des hommes influents de la colonie, grâce à son mariage avec la fille de lord Grey, wigh très-puissant dans la Grande-Bretagne.

Le siège de cette maison prit du temps, et les patriotes, après l’avoir mise à sac et s’être emparés d’Ellice, qui fut donné en garde au curé de la paroisse, s’acheminèrent vers Montréal par la rive méridionale du Saint-Laurent.

Leur dessein était de passer à Caughnawagha, où Co-lo-mo-o pensait recruter une centaine d’indiens autrefois