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que le lendemain il aurait une entrevue avec Léonie. Durant l’intervalle, madame de Vaudreuil la préparerait à cette agréable nouvelle.

La félicité de la jeune fille ne saurait se peindre. Elle faillit se trouver mal. La nuit lui parut d’une longueur mortelle.

Quand le Petit-Aigle parut, elle était levée, vêtue d’une robe blanche qui faisait ressortir davantage encore la pâleur diaphane de son teint.

Il remercia affectueusement Léonie, promit de rester quelque temps à la baie de Ha-ha, mais aucune parole émue ne tomba de ses lèvres.

— Il m’aime ! n’est-ce pas qu’il m’aime ? dites-moi qu’il m’aime, ma tante ! s’écria Léonie quand il fut parti.

— Je le crois, mon enfant, répondit madame de Vaudreuil en détournant les yeux pour essuyer une larme.

Co-lo-mo-o s’était établi dans une famille indienne.

Fidèle à sa parole, il revint le jour suivant et les autres. Il se montrait amical, sans empressement, obligeant, mais non prévenant. Léonie exprimait-elle un souhait, il la satisfaisait s’il le pouvait. Mais il ne courait point au-devant de ses désirs. Attentif à les réaliser, il ne les devinait pas ou ne les voulait pas deviner, si elle ne les formulait. L’eût-elle demandé, il fût allé lui chercher un bouquet au sommet du Point-de-l’Éternité ou de la Tête-de-Boule, mais il n’eût pas cueilli une fleur préférée dans l’intention de lui causer une surprise.