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encore reçu de nouvelles du Montagnais. Cependant, dans son cœur, elle réchauffait un rayon d’espérance qu’elle n’osait faire luire aux yeux de la malheureuse Léonie.

Un soir, le soleil à son déclin teignait d’un rouge pourpre les eaux de la baie. Couchée dans son lit, contre une fenêtre donnant sur le fleuve, la jeune fille suivait, d’un air rêveur, les grandes traînées d’ombres qui descendaient rapidement des montagnes et remplaçaient la lumière diurne.

Sa tante travaillait près d’elle à un ouvrage d’aiguille.

— Voilà une bien belle soirée ! c’est comme cela que les adorait ma pauvre cousine ! murmura Léonie.

— Quelle cousine ? demanda madame de Vaudreuil, qui pensait à autre chose.

— Louise Cherrier.

— Ah ! celle qui a été tuée avec son mari à la bataille de Saint-Eustache ?

— Oui, elle était bonne, elle aussi ! et Xavier, quel noble caractère ! Comme ils s’aimaient ! Ah ! je suis bien certaine qu’ils sont heureux là-haut ! Je voudrais y être… près d’eux… et près de ma mère…

Ces réflexions faites d’un ton doux, mais désolé, navrèrent madame de Vaudreuil. Néanmoins, elle refoula ses angoisses, et, pour détourner les idées de Léonie d’un sujet aussi affligeant, elle lui dit, en indiquant un canot qu’on apercevait dans le lointain :

— Vois donc, mon enfant, quel joli tableau cela ferait