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— Soyez tranquilles, répondit flegmatiquement l’intrépide docteur ; il y aura du monde de tué aujourd’hui. Vous ramasserez les fusils des morts[1].

Cette réponse électrisa Cherrier.

— Ah ! Chénier, lui dit-il, vous étiez né pour manier l’épée plutôt que la lancette.

— Mon ami, repartit l’autre, je ne comprendrais pas qu’on manquât de courage, quand on voit une femme jeune et belle comme la vôtre affronter en souriant les balles de l’ennemi. Mais, attention, voilà le branle-bas qui commence !

— Un baiser encore, avant de courir au feu, ma Louise chérie, dit Xavier.

Et, au bruit de l’artillerie, à travers la mitraille qui déjà impitoyablement fauchait autour d’eux, Xavier embrassa sa femme avec une tendresse idolâtre.

— En avant ! citoyens, en avant ! tonna la voix de Chénier.

Les patriotes se ruèrent sur les batteries anglaises en chantant l’hymne de Charles VI :

                                   Guerre aux tyrans !
                              Jamais, jamais en France !
                              Jamais l’Anglais…

Repoussés, avec des pertes considérables, par deux décharges successives, ils revinrent une troisième fois à l’attaque, et forcèrent les artilleurs à reculer.

  1. Historique.